"Si le monde n’a absolument aucun sens, qui nous empêche d’en inventer un ?"
Lewis Caroll
…..la cabane est au bout d’un chemin,
comme une ponctuation là, posée.
ce chemin comme d’autres chemins n’a pas de nom.
on le suit à pas mesurés
on en repère les contours pour s’en souvenir.
là haut, la cabane s’est posée dans les branches
dans une ascension difficile elle a choisi son itinéraire parmi les
réseaux multiples; égarée soudain, elle se reprend, disperse ses
pas en assauts d’équilibre et rassemble ses bras déployés pour
se poser dans la lumière.
la cabane n’a pas d’adresse
dans les herbes, les mousses ou le sable
à chacun de trouver le seuil qui l’annonce
pierres secrètes éclatées à l’odeur de sicile
Maurice Thomas
Tout est écrit dans le livre
Enfin je ne l’ai pas encore lu
Le livre se nomme strip tease n° 7
Ma mère me l’a deposé sur mon lit quand je dormais
« Piri Piri ma chérie
Maman est là »
Et je dors, je dors, je dors,
Je n’entends rien de tout cela
Car je dors, je dors, je dors.
Dans les rêves
La fiction devient réalité
Dans l’oreille
Tout s’entend
Le dedans et le dehors
La fiction
La réalité
Ma mère dans l’oreille
(que fait-elle là ?) fiction ou réalité
Souffle ma mère dans l’oreille
« Tu manges pour deux »
Me souffle ma mère dans l’oreille
(qu’est-ce qu’elle dit ?)
Tout s’entend le dehors et le dedans
Chut ! Maman Dehors
Et dedans l’oreille
Elle m’enfonce son sein
Alors là !
Alors là je n’entends plus rien ! vraiment plus rien
Dehors
Dedans
Le sang s’agite
Le vagin aussi
Dedans
Dedans
Cela sent le nouveau né
Et gicle le lait
« Tu as tout bu » dit-elle
En retirant son sein aplati
Et alors tu as encore un sein maman ! Non ! De quoi te plains-tu ?
En retirant son sein aplati
J’ai tout bu
Tire-bouchon l’oreille bouchonnée
Le sein aplati
Maintenant j’entends, enfin !
L’oreille
Je suis née
Vaginée
En sang
Agitée
Je n’y vois plus rien
Le lait tout mouillé
Apparaît ma mère tout en blanc
« Même pas belle »
(C’est ce que je lui dit dans mon rêve)
« Articule » dit-elle
Un sein dans la main
Et l’autre le petit bout tout enrubanné
Et l’autre sein
(De rouge satin joli dans toute sa longueur dépliée)
en sang
« Et ravale tes ovules Maman » je le crie nouvellement née
Et l’autre
Le sein pendouille sans son cintre
Au bout du petit bout
Une goutte de sang
(oh ! je vois rouge !) GRRRRR
« Finis ta viande et gaspille pas le corps » dit la mère
« Cela peut toujours servir
Un gros corps plein de viande
Ne résiste pas au temps »
Dis la mère en baillant la langue pendue
« Mais il faut bien que la viande se fasse maman
Il faut bien que la vie passe »
« Piri Piri ma chérie réveille-toi
C’est l’heure »
Dit ma mère à mon chevet.
Christine Faure – 2012
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